J'ai parfois arbitré des prises de positions concernant les différentes écoles d'astrologie. Chacun se réclame d'une École et clame haut et fort son appartenance. On parle d'École Uranienne, Indienne, Sidérale, Humaniste, Traditionnelle, Karmique, etc.
En fait, je suis encore surpris, après vingt-neuf années de pratique professionnelle (en 2007), du nombre de courants qui façonnent l'astrologie. Je suis surpris par ceux qui se réclament de la tradition et qui pourtant sont loin de l'art des astrologues européens du XVIIe siècle…
Lorsqu'un(e) client(e) ne comprend pas ce qu'on cherche à lui communiquer, l'astrologue est dans le faux. Car tout dépend surtout à qui l'on répond. Cela peut paraître évident, pourtant cela ne l'est pas quand on prend connaissance de certaines interprétations. Quand un client a besoin des éclaircissements d'un astrologue, ce dernier devrait utiliser les outils qui lui permettent de répondre à la question, mettre de côté ses ambitions intérieures, spirituelles et personnelles et surtout s'en tenir avec humilité et bon sens à la question posée.
Peut-on demander à un astrologue humaniste de répondre à des questions pratiques, d'échéances et de datation ? S'il ne pratique que l'astrologie de cette école, il ne s'en sortira pas. Pour preuve, certains astrologues humanistes prétendent qu'on ne peut pas faire de prévision en astrologie, alors qu'ils devraient simplement dire : « Je ne sais pas le faire… » Car on peut le faire. On ne peut jamais en dire plus que libre-arbitre ne le permet, mais on peut prévoir. Le libre-arbitre est souvent surestimé par les humanistes. Peut-on répondre à des questions intérieures uniquement avec l'astrologie indienne ? Oui, mais un apport humaniste sera d'un grand secours. Peut-on être précis en utilisant l'astrologie « traditionnelle » actuelle ? Oui, mais cela prend beaucoup de temps et un ou deux thèmes horaires vont largement avantager le ou la cliente. Ceux qui cherchent uniquement à mieux se connaître préféreront l'École humaniste, qui dépasse largement les autres écoles sur ce plan.
En clair, les différentes écoles répondent toutes à des besoins particuliers. Prenons l'astrologie indienne et confrontons-là à l'astrologie traditionnelle occidentale. Depuis la Terre, il n'y a pas plus de zodiaque tropical que de zodiaque sidéral. Ce ne sont que des repères et des abstractions mathématiques et non quelque chose de réel. Dans son « Dialogue sur les deux systèmes du monde », Galilée écrivait : « Les choses reviennent au même si la Terre seule se meut alors que le reste de l'Univers est immobile ou si, alors que la Terre seule est immobile, tout l'Univers se meut d'un même mouvement. » Einstein le disait aussi en ces termes : « Pour être capables de déterminer les positions des corps, nous avons besoin d'un système de référence. » En astrologie, il suffit de savoir comment travailler avec ces repères. On n'interprète pas de la même façon en sidéral qu'en tropical. Nombreux sont les astrologues tropicalistes qui clament haut et fort : cela ne marche pas, je ne me reconnais pas avec Mercure dans tel ou tel signe. Cette réponse est classique quand on ne suit pas la méthodologie sidérale. En sidéral, Mercure est avant tout le maître de deux maisons, par ses maîtrises sur les Gémeaux et la Vierge. Cette planète ne signifiera rien de plus que ce qui est en rapport aux maisons dont cette planète est maîtresse. Par exemple, si Mercure est maître de I avec un Ascendant Vierge et si elle est située en Verseau, elle sera en Maison VI et cela marquera la personne et son comportement, par sa maîtrise sur l'Ascendant.
Pour mieux comprendre cette dualité tropical/sidéral, prenons l'exemple d'un homme qui traverse un carrefour. Tout à coup, caché par une camionnette, il disparaît. Changeons d'angle et déplaçons-nous ailleurs dans ce carrefour. Il réapparaîtra à nos yeux. C'est la même chose en astrologie quand on parle des zodiaques : En changeant de position, on verra certaines choses que l'on ne verrait pas si l'on était resté sur place. Mais si l'on ne cherche pas à voir cet homme mais autre chose, on aura intérêt à ne pas changer d'angle de vue. Il ne faut pas jouer les paresseux en voulant tout résoudre à l'aide d'une seule méthode en astrologie. A moins de ne se cantonner que dans son secteur de prédilection.
Voici comment je procède :
Denis Labouré a souvent parlé de « tradition », en des termes justes, indiquant que c'est un courant, et qu'en même temps, cela ne veut rien dire. À force de rester coincés par la tradition et par les écoles, on ne fait rien évoluer. Au lieu de les faire cohabiter, on divise l'astrologie et chaque gourou prétend qu'il est le seul à avoir raison. À l'inverse, à trop chercher des voies nouvelles, on désapprend l'astrologie. Par exemple, on sait plus travailler qu'avec les aspects et les maîtrises ont été oubliées. Qui sait ce qu'est un terme, un décan ou une triplicité ? Seul les érudits et les chercheurs le savent… N'utilisons que des méthodes qui donnent vraiment satisfaction et qui ne prennent pas des heures à l'interprétation. Toutes les méthodes qui ne marchent pas dans 80% des cas devraient être abandonnées. On peut jeter la moitié des livres...
J'ai révisé les interprétations d'Uranus, Neptune et Pluton. Pas qu'il soit nécessaire d'éradiquer ces astres, mais il est utile de les relativiser. J'ai assisté à des interprétations où l'on ne parle que des planètes invisibles pendant des heures. Mais lorsqu'il faut parler des planètes visibles, à part Saturne, tout le monde a tendance à être bref. Quant aux Nœuds lunaires, l'astrologie occidentale est souvent dans les choux, à mon humble avis…
Il faut constater que les prévisions faites à propos d'Uranus, Neptune et Pluton, je ne parle même pas de Chiron, sont décevantes une fois sur deux.
Tant que l'on parle des influences de la collectivité sur un individu, il est nécessaire d'utiliser les planètes transsaturniennes. Dès que l'on aborde un point de vue personnel, il est indispensable d'utiliser les Nœuds, selon le point de vue suivant :
Nous en sommes à peine aux balbutiements de la science astrologique. C'est une science non exacte, comme la médecine. Les bons médecins sont souvent humbles face à leur art, parce qu'ils connaissent la complexité de notre corps humain. Or, l'astrologie est encore plus complexe, parce qu'elle touche tous les domaines et non seulement l'être humain. Alors, ayons l'humilité de nous dire qu'il faut toujours remettre en question ce qui est nécessaire de l'être parce qu'en sciences, une théorie est valide jusqu'à ce qu'elle soit remplacée par une autre qui est momentanément plus fiable.
Il y a certes un problème de méthodologie en astrologie. Certains professeurs disent qu'en astrologie, il faut « faire ses gammes » Je ne suis pas d'accord. Une gamme est finie, éprouvée, qu'elle soit pythagoricienne, frigienne, dorienne ou autre. C'est une méthaphore imparfaite qui induit en erreur. Nos connaissances de l'astrologie sont trop approximatives pour comparer l'art d'apprendre l'astrologie à l'art de faire des gammes. Apprendre l'astrologie, c'est apprendre l'essence de l'interprétation, mais pas l'interprétation elle-même, qui ne peut s'apprendre.
Il ne faut pas confondre l'apprentissage des effets astrologiques avec celui des bases de l'astrologie : signes, planètes, maîtrises, maisons. Il est essentiel de connaître le contenu traditionnel, maîtrises et planètes et surtout savoir comment on l'utilise. Un jour sur un forum, le modérateur du site m'a répondu qu'il fallait être plus intuitif… Voilà qui masque bien l'incompétence ! Il n'avait pas compris le fond du sujet, parlait d'une planète au lieu d'une autre, confondant les causes et les aboutissants...
Si l'astrologie a perdu beaucoup d'adeptes en 15 ans, c'est pour deux raisons majeures :
C'est donc aux astrologues de réviser leur point de vue. L'astrologie n'est pas un langage, mais bien une science. Si la médecine était une science exacte, il n'y aurait pas d'erreurs médicales. Ceux qui savent pas répondre aux problèmes de la datation ne connaissent simplement pas assez leur art.