Depuis de nombreuses années, ceci dans une multitude d’ouvrages publiés, on peut lire une série de thèses liant le karma aux Nœuds lunaires. Nous allons étayer différemment ces dires. Ce n'est pas que je sois « contre » le concept de la réincarnation, je suis contre le fait de raconter n'importe quoi en œuvrant dans la facilité et en répétant ce que d'autres ont écrit sans esprit critique.
Chemin de l'éclipse solaire du 11/08/1999
Les Nœuds lunaires ne sont pas des corps visibles, mais des points d’intersection de l’orbite solaire (l’écliptique) et de l’orbite lunaire. Ils coupent ces deux orbites en deux points, au Nord et au sud de l’écliptique. C’est ainsi que l’on a deux nœuds, le Nœud Nord et le Nœud Sud. Ils joignent, par ces orbites, le Soleil et la Lune. Lorsque la Lune est conjointe au Soleil, ce qui arrive lors de chaque nouvelle lune, c’est-à-dire tous les mois, la Lune n’est presque pas éclairée par le Soleil. En réalité, c’est sa face cachée qui l’est. Mais si l’un des Nœuds est à moins de 18° de part et d’autre d’une nouvelle lune, on assistera à une éclipse quelque part sur la planète. Le Soleil et la Lune sont ainsi obscurcis, on ne les voit plus, depuis un certain lieu sur la planète. La bande 140 km de large sur le chemin parcouru par l’éclipse obscurcit temporairement tout, y compris le Soleil et la Lune, car la nuit s’installe en plein jour.
L’Inde est un pays connu aussi pour ses religions qui abordent facilement le plan de la réincarnation. Les Indiens sont fatalistes. En caricaturant leur pensée, on pourrait dire qu’ils pensent que tout n’est que souffrance dans cette vie et qu’on est ici bas pour expier ce que qu’on aurait fait de mal auparavant, dans une autre vie. Les Indiens ont été les premiers à faire un usage intensif des Nœuds de la Lune, ceci dès l'an 600 après J.- C. Leur astrologie est principalement lunaire, alors que dans le monde occidental, nous avons adopté une astrologie solaire.
Des astrologues ont confondu l’action des Nœuds, en pensant que si les Indiens les utilisaient, c’était forcément pour des raisons de lecture du passé. Or, pour les Indiens, il n’en est rien. Pour eux, les Nœuds n’ont jamais exprimé le karma. C’est une invention européenne. Quoi qu'il en soit, certains auteurs ont finement décrit l'effet des Nœuds, comme Martin Schulmann entre autres. Ceci en incorporant parfaitement le concept de la réincarnation.
Il y a un mythe indien qui explique bien l’œuvre des Nœuds. Comme vous allez le comprendre, leur action est ambiguë. Dans les temps anciens, deux tribus s'affrontaient. Les Deva se situent dans le clan des bons. Les Asura, viciés par les désirs, occupent la place opposée, mais complémentaire. Vishnu, le protecteur, fût appelé par Brahmâ, le créateur, afin de protéger les Deva. Il devait les aider à obtenir l'Amritam, un breuvage d'immortalité qui résoudrait le problème. Il fallait battre un océan de lait dans une montagne, jusqu'à ce que le breuvage en soit extrait. Mais les deux peuples devaient unir leurs efforts dans cette gigantesque tâche. Le roi des serpents, Vasuki, devait aider à battre le lait, en contractant ses anneaux autour de la montagne. Lorsqu'il commença son oeuvre, les Deva saisirent sa queue, partie animale et sauvage, alors que les Asura tenaient sa tête, partie domptée du démon. Les Asura tentaient de déstabiliser les Deva, et cela provoqua un mouvement qui permit de créer l'Amritam, ainsi qu'un violent poison que Vishnu le purificateur transforma, afin de permettre de continuer. Vishnu ne permit de remettre l'Amritam qu'aux seuls Deva.
Rahu, le Nœud Nord, est la tête de ce dragon. À l'autre bout, la queue du Serpent ou queue du dragon. Les Asura choisirent la tête, le côté "supérieur", tandis que les Deva choisirent la queue, partie inférieure, mais c'est le mouvement entre le supérieur et l'inférieur qui permit le mouvement qui généra l'Amritam.
Cela signifie clairement que les Nœuds évoquent une solution "empoisonnée". Sans le secours des dieux, ils sèment la mort. Ils exaucent les désirs, pour le plus grand malheur de ceux qui désirent. C'est un cadeau du ciel pour ceux qui n'exigent rien. Pour ceux qui ne discernent pas qu'il s'agit d'un cadeau, celui-ci se transforme en un véritable cadeau empoisonné. Le désir semble être l'un des moteurs de l'axe nodal. Je parle d'axe, car les Nœuds de la Lune sont toujours à 180° l'un de l'autre. Ils sont donc en relation avec le détachement. Lorsqu'on parle de "lâcher prise", terme à la mode en ce début du XXIe siècle, on parle de détachement, soit des Nœuds Lorsqu'on possède le détachement nécessaire, l'axe nodal a une action positive et constructive. C'est une action nécessaire afin de posséder assez de passion en soi pour construire quelque chose ou pour dénouer une situation. Lorsque les Nœuds ont une action trop forte, on assiste à un manque de discernement, une passion trop dévorante, une "prise de tête" inutile.
Le Nœud Nord est un mélange entre Saturne et la Lune ou Neptune. Synonyme d’action sévère ou de rêveur brimé, ce corps porte en lui (comme le Nœud Sud) une partie des planètes lentes, d'Uranus à Pluton. Tant que les Nœuds ne confirment pas les transits d'Uranus, Neptune et Pluton, rien ne se passera qui serait exprimé par ces trois planètes. Il lui arrive de donner quelque chose à ce qu'il touche, mais après sont passage, jamais pendant. Ils se débattent pour la survie et s'ils poussent à la malhonnêteté, c'est souvent par instinct.
Le Nœud Sud est plus en relation avec Mars et Uranus. Que dire du mardi[1] 11 septembre 2001, alors que Mars était en conjonction serrée avec Kethu ? Kethu peut être en relation avec la spiritualité, parce qu'il est relation avec le désir d'être détaché. Kethu se veut en avance sur son temps, il veut se différencier. Il vole ce qu'il touche.
Les Nœuds sont surtout deux points de la carte du ciel qui obligent une marginalité, peu importe son genre. C'est un combat entre le bien et le mal, mais ce combat ne permet pas de vainqueur comme celui qui ressortirait d'une compétition normale.
Il est clair que notre vie ici-bas est liée à cet incessant
dilemme entre le bien et le mal. La vie sur Terre est cruelle. On vit
dans une "grande symphonie de la mort", simplement pour se nourrir.
Toutes les espèces vivantes se dévorent l'une l'autre, pour
survivre. Nous cherchons tous cette immortalité qui nous guérirait
tout et qui laisserait les désirs à leur première
nature, celle de créer l'illusion. Les Nœuds nous relient
à ce besoin de rétablir un équilibre, de relier deux
points qui ont leurs racines très profondément ancrées
en nous. Ils nous obligent à réévaluer le passé.
Il est donc normal qu'on les relie aux vies passées, bien que ce
soit une solution de facilité lorsqu'on interprète les Nœuds
Ils sont bien plus complexes à interpréter qu'on ne le dit
communément. Les Nœuds ne sont pas là pour nous indiquer
ce que nous n'avons pas fait dans une vie passée — ce serait trop
facile. Ils nous indiquent comment les désirs et les passions nous
obligent à aller au fond de nous-mêmes ou nous éloignent
de nous-mêmes.
Les Nœuds sont présents lors des rencontres cruciales, celles
qui changent notre existence, à condition qu'un désir soit
également à l’œuvre, ce qui est presque toujours
le cas.
On peut lire dans de nombreuses interprétations - qui ont toutes
un goût de recopie d'un auteur à l'autre — que dans
une vie antérieure on n'aurait pas fait ceci ou pas fait cela.
C'est un point de vue simpliste, qui ne permet aucune preuve par une authentique
démonstration. Si l'on observe les moments où l'un des Nœuds
a transité le Soleil, la Lune ou l'Ascendant, on remarquera une
intensité particulière durant cette période. Cette
intensité est souvent dramatique ou paralysante.
Comment expliquer à cette jeune femme qui venait d'entrer dans une période liée au Nœud Nord, qu'elle est trop directe et franche, trop passionnée et centrée sur elle ? Sur son thème natal, Vénus est aspectée par le Nœud Nord, à moins d'un degré près. Dès la période planétaire[2] du Nœud commencée, elle a voulu trouver "son homme", se faire épouser et avoir des enfants. Elle expliquait cela dès le premier rendez-vous, ce qui avait pour effet de refroidir et d'effrayer tout homme sensé. Impossible de la raisonner en lui proposant d'abord de faire connaissance, et plus si affinités ensuite... Non, le premier venu acceptant cela devait être forcément le bon... Il se rendrait compte qu'elle est si exceptionnelle !... Je caricature, mais les Nœuds ont l'inconvénient de focaliser les personnes impliquées uniquement sur leurs petites personnes et leurs nombrils. Et l'histoire de cet homme qui a vu la femme qu'il aimait partir s'établir dans un pays étranger, au moment où le Nœud Sud transitait la Maison VII, maison astrologique qui raconte l'histoire du partenaire. On dit que le Nœud Sud vole ce qu'il touche. Et cette femme, morte à l'âge de 20 ans d'une crise cardiaque, quand le Nœud Nord commençait sa grande période, aspectant trois planètes situées dans la Maison XII, celle des maladies chroniques, dont le Soleil, le symbole du cœur ? Et Marie Trintignant, morte au moment le Nœud Nord recommençait sa course rétrograde après avoir stationné plusieurs mois exactement sur son Ascendant ? Et cette femme atteinte d'un cancer foudroyant, pendant que le Nœud stagnait sur son Ascendant pendant plus de quatre mois, au degrés près ? Comment ne pas tenir compte du Nœud Sud lorsqu'on observe cette personne qui se croit ensorcelée par sa voisine alors que le maître de son Ascendant, la Lune, y est conjointe ? Comment ne pas interpréter Kethu sur l'Ascendant de cette femme quelque peu masochiste qui travaillait jusqu'à 92 heures par semaine alors que son mari ne faisait que le minimum de travail dans l'entreprise familiale, profitant d'elle à outrance ?
Si l'on synthétise l'œuvre des Nœuds à leur plus petit dénominateur commun, on arrive à un résultat qui sonne comme « Pas comme l'on voudrait ». Ainsi, les Nœuds ajoutent ce mécontentement et cette frustration aux planètes touchées par un aspect. Avec Vénus, on n'est pas aimé comme l'on aimerait. Avec Mercure, on n'est pas écouté comme on veut. Avec Saturne, on n'a pas le sérieux voulu ou l'on n'est jamais assez pris au sérieux. Avec La Lune, c'est la sécurité et le bien-être qui sont touchés, etc.
Les aspects aux Nœuds sont souvent mal compris. Ainsi, un trigone au Nœud Nord est souvent interprété comme un signe de sagesse, un apport. Avec du recul et selon certaines circonstances, c'est vrai. Mais que dirait Dali lorsque son lit a pris feu, avec un trigone Mars/Nœud Nord très précis (Cliquer ici pour lire l'article sur Dali) ? En fait, tout dépend des maîtrises des Nœuds Si les maîtres des constellations où se situent les Nœuds sont forts, les Nœuds sont bien tenus, il y aura moins de problèmes. S'ils sont faibles ou s'il s'agit d'un maître de VII, VI et XII — dans l'ordre des nuisances — les problèmes sont plus fréquemment au rendez-vous. Ceci jusqu'à ce que la personne renonce à quelque chose ou accepte le fait qu'elle ne maîtrisera pas les choses comme elle veut.
Les astrologues de la Renaissance décrivaient le Nœud Nord comme un “petit Jupiter” et le Nœud Sud comme un “petit Saturne”. Ces descriptions prouvent qu'ils ne savaient pas utiliser les Nœuds. C'est bien plus complexe que ça, en raison de la nature animale et instinctive des Nœuds. Leur dénomination première est conflictuelle. Ils sont là pour semer la zizanie. Je dis cela sans y placer une connotation de bien ou de mal, mais c'est simplement une observation de leur rôle premier d'intensifier les situations. Les astrologues indiens en ont une notion qui se vérifie toujours dans la réalité.
Les Nœuds ont donc, vous l'avez compris, un accès à notre libre-arbitre, ceci jusqu'à ce que le Grand Serpent ait transformé l'effort en eau d'immortalité. Mais l'effort à faire est obligatoire et il faudra vaincre les désirs qui nous poussent vers le danger. Il est clair qu'ils agissent à partir du passé. S'il y a quelque chose à dénouer qui soit indiqué par les Nœuds, ce quelque chose prendra sa source dans le passé. Mais ce flou lié à l'énergie nodale n'est pas si facile à démêler. Les Nœuds sont un mystère, pour les autres comme pour soi-même. Ils véhiculent la nature psychique d'une personne et c'est pour cela qu'ils ont été si liés à l'astrologie karmique. La Trutine d'Hermès[3] permet théoriquement de meilleurs résultats en astrologie karmique. Sur le plan spéculatif, elle permet de monter le thème de conception ou thème prénatal, le conditionnement premier lié au moment où l'ovule cesse d'en être un et commence à devenir un fœtus. A condition d'accepter cette thèse.
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[1] Le mardi est le jour de Mars. Chaque
jour de la semaine est dirigé par l’une des sept planètes.
Le lundi est le jour de la Lune. Le mercredi est le jour de Mercure. Le
jeudi le jour de Jupiter. Le vendredi est celui de Vénus. Le samedi
est celui de Saturne et le dimanche celui du Soleil (nommé sunday
en anglais). [Revenir]
[2] L'astrologie indienne utilise une technique,
nommée périodes planétaires, qui permet de calculer
diverses périodes de l'existence qui mettent les planètes
et les Nœuds en valeur, indiquant à quel moment une planète
doit réaliser l'une des promesses du thème natal. [Revenir]
[3]La Trutine d'Hermès est une vieille
technique dont Ptolémée parlait déjà au IIe
siècle. Elle permet de trouver, à partir du thème
natal et de la durée de la gestation, la date et l'heure du thème
prénatal. Si la Lune équivaut à la position de l'Ascendant
prénatal, la position de l'Ascendant prénatal équivaut
(ou est opposée) à la position de la Lune du thème
natal. Les deux thèmes sont toujours en relation l'un avec l'autre.
Le thème prénatal est un complément au thème
natal. [Revenir]